T400 - refonte n°2 d'un Starfinder

Serge VIEILLARD, Pierre STROCK

L'origine

Notre club a fait l’acquisition de ce télescope MEADE Starfinder alors qu’il n’était pas encore importé en France. Enorme tromblon blanc en papier caoutchouté, il était à l’époque un diamètre peu répandu chez les amateurs. Malgré son miroir primaire de piètre qualité optique, il donnait à voir des objets invisibles dans un diamètre inférieur.

Très vite, nous lui avons apporté quelques modifications pour rendre le rocker plus solide avec l’ajout de renforts. Nous lui avons fait un axe sur roulements coniques et butées à roulettes. Enfin, nous l’avons équipé d’un beau chercheur 8 x 50 et fait un sérieux bafflage interne. Pour préserver l’optique des poussières lors du rangement et des transports, nous lui avons fait un bouchon de bonne taille et une housse de protection.

Dans cette nouvelle configuration, ce bel engin a apporté de grandes satisfactions en nous faisant redécouvrir le ciel et cela, avec une facilité d’utilisation déconcertante. Donc ce télescope a énormément servi. Mais force était de constater qu’il était difficile à transporter. Or on le transportait souvent !

La première version

Le besoin d’une structure démontable s’est peu à peu imposé. Grâce au site ALTAZ et au dossier de Guillaume Cannat, j’ai intégralement refait l’instrument en suivant scrupuleusement les plans et les débits de bois proposés. La forme générale est très fortement inspirée des télescopes « OBSESSION ». Toutefois, j’y ai apporté quelques modifications :

– j’ai repris le principe du système de fixation des tubes sur la cage des OBSESSION en faisant des formes adaptées en bois. Ce système est très solide et offre un maintien particulièrement ferme.

– pour la fixation en partie basse, j’ai préféré mettre les tubes à l’intérieur de la caisse du primaire pour un gain d’encombrement et pour conserver l’intégrité des deux grands tourillons d’altitude (qui sinon, sont découpés pour permettre le passage des tubes). De plus, j’ai découvert à cette occasion qu’une fois les tubes en place dans ces trous et le télescope assemblé, il n’y avait pas besoin de système de serrage en partie basse ! système Ô combien simplissime, que nous avons repris avec bonheur sur nos T250.

Ce nouvel instrument nous a comblé. Son maniement, son montage sont aisés, sa robustesse est à toute épreuve. Désormais, son transport n’est plus la corvée qu’on subissait. C’est ainsi que nous avons pu envisager l’emporter lors de virées lointaines et notamment, d’organiser des voyages au Sahara. L’engin supporte sans broncher les affres du fret aérien et les transbahutages pas toujours très consciencieux, les bringuebalages des 4×4 lancés à vive allure sur les pistes défoncées. Bref, c’est un télescope « tout-terrain ». Grâce à cette configuration, nous avons eu le rare privilège d’observer un ciel tropical de très grande qualité avec un T400 dans des conditions optimales.

Mais, malgré tous ces avantages indéniables, il s’est avéré – et cela dès la fabrication- que les plans proposés ne sont pas optimisés. Tout est bien trop volumineux , il est possible de gagner davantage en compacité. A l’usage, la caisse du miroir primaire et la valise de la cage du secondaire sont des bagages bien encombrants.

À la suite de plusieurs rassemblements astronomiques amateurs, à la suite du chantier de nos télescopes de voyage, et aussi à la suite des premiers voyages l’idée est venue de quelques améliorations. Inutile de préciser qu’elles allaient toutes dans le sens de l’allègement forcené pour une meilleure transportabilité.

Avec Pierre, nous constatons que chacun de ces lots peut être diminué de moitié en hauteur. C’est à cela que nous nous attelons en vue de la préparation de notre voyage en Chine pour l’éclipse totale de soleil de 2008.

Premier toilettage, ici aux RAP 2008

La version définitive

Nous prenons la décision de couper tout ce qui est superflu, tout en gardant les éléments présents. Nous ne remettons pas en cause les principes adoptés sur la précédente version. Nous apprécions ces concepts robustes à toute épreuve. Chaque élément se trouve désormais optimisé. Seuls les tubes de la structure triangulée ont été changés pour d’autres plus longs.

Voici donc cet engin plus épuré qui pourtant, offre les mêmes agréments d’observation. De plus, le porte oculaire ayant été baissé, il n’est plus besoin de s’encombrer d’un petit escabeau pour l’atteindre.

La cage du secondaire

Pour des raisons de robustesse et de protection du miroir secondaire, nous avons délibérément écarté une version «mono-anneau». La structure actuelle est donc conservée, seules les colonnes et les planchettes support du porte-oculaire et des chercheurs sont raccourcies.

Une des idées est d’alléger la partie haute et permettre de remonter le tube optique sur les tourillons. Cela permet de réduire la taille du rocker et donc au final, la masse à transporter. Mais comme la cage est réalisée avec deux anneaux espacés par des colonnettes, on gagnera peu sur cet objectif là : 4,0 kg contre 4,5 (sans chercheurs, filtres, oculaires).

L’autre idée est de réduire la hauteur de la cage secondaire pour réduire la taille des bagages à transporter et donc la masse à porter. Sur ce point, c’est un succès : la caisse du secondaire passe de 36 cm de haut à 23 cm et en plus on arrive à y loger les deux tourillons. Sans eux, la caisse serait même passée à 19 cm.

Pour ce faire, nous avons fait une cage dont la hauteur est déterminée au plus juste en fonction de l’encombrement du miroir secondaire. C’est chose possible en adoptant l’araignée de nos télescopes de voyage.

Éloignement du PO pour ne plus avoir besoin d'escabeau

Nous allons réutiliser le miroir d’origine de 100 mm de petit axe mais en utilisant au maximum sa généreuse surface.

La troisième idée est de sortir le foyer pour profiter de ce que ce secondaire notoirement surdimensionné, pour envisager l’usage d’une tête binoculaire sans barlow additionnelle, pour descendre la masse et donc déplacer les tourillons et donc… et enfin surtout pour descendre le porte oculaire et éviter l’usage de l’escabeau. Là c’est gagné ! Le PO passe de 176 cm à 162,5 cm.

Petit inconvénient de la sortie du foyer : le passe filtres mis à l’intérieur du tube est fort loin des oculaires ce qui conduit à un vignettage sensible avec les filtres.

Les chercheurs

Enfin, nous avons récupéré le chercheur 8 x 50 et sa queue d’aronde démontable. Elle est raccourcie aux nouvelles dimensions de la cage et solidement vissée. De plus, le Telrad est directement vissé sur les 2 anneaux de maintien du chercheur. Cette configuration est vraiment épatante.

L’araignée

Pour obtenir cette compacité, nous reprenons le concept de l’araignée à 3 branches désaxées. Nous avons imaginé ce principe pour nos T250 et il a été repris sur le T400 ultra léger. Cette configuration permet de passer derrière le miroir (et non au-dessus) pour le supporter et de diminuer les efforts de porte-à-faux au strict minimum.

La structure est réalisée en cornière alu de 25×25 et plat de 30 de 2 mm d’épaisseur. Grande facilité de réalisation, solidité garantie, taille basse, à l’épreuve des maladroits et sans effet sensible sur l’image ! C’est un montage que l’on recommande chaudement pour toutes ses qualités.

 

Nota Bene :
Il nous fallut ajouter un ressort. Car à l’usage, le miroir n’était pas assez bien plaqué contre les vis en particulier lors des transports.
Faute de pouvoir augmenter la tension du ressort, nous avons opté pour un tendeur passant sous la cornière arrière.

 

Le miroir est collé au silicone sur sa plaque-support. Elle est réalisée en sandwich balsa/carbone, telle celle du T400 ultra léger. Pour lutter contre l’apparition de buée sur le miroir secondaire, nous utilisons un système entièrement passif. Le dos est isolé par un film réfléchissant. La plaque support devient un véritable matelas isolant et permet d’éviter la perte de calories par rayonnement sur le fond de ciel. A l’usage, ces concepts sont vraiment parfaits, tant en robustesse, qu’en facilité de collimation et bien entendu, en compacité.

 

Le passe filtre

Nous avons intégré un passe filtre à glissière 3 positions, accessoire bien pratique qui n’a rien d’un gadget. Ainsi, nous avons toujours disponible sous l’œil un OIII et un UHC-S. De plus, il est facile d’avoir des visions comparatives instantanées.

La fixation des tubes

L’empreinte des tubes est découpée dans l’anneau inférieur de la cage. Les tubes sont maintenus fermement par le serrage d’un coin épousant parfaitement leur forme. C’est un système, efficace, robuste et sans jeu. Seul bémol, l’accastillage – vis de serrage, écrou et coin de bois – est a démonter lors des opérations de montage et de démontage du télescope pour faciliter ces manœuvres.

La caisse du primaire

La caisse est sciée en hauteur au strict minimum pour permettre la fixation des tourillons d’altitude. Il est important de déterminer la position du centre de gravité (CG) pour cette opération. Le centre des tourillons doit correspondre à la position du CG moyen, considérant le télescope avec ou sans l’oculaire le plus lourd.

La position que l’on détermine influence directement les allègements possibles. C’est une opération où l’on peut tourner en rond un certain temps et surtout arriver en fin de travaux avec une erreur non rattrapable… C’est pourquoi il est souhaitable d’évaluer les masses et leur éloignement du centre de rotation avec un certain soin. Malheureusement on se retrouve parfois avec des impondérables : Comme lorsqu’en arrivant au magasin on n’y trouve pas les tubes de la bonne épaisseur. Cela nous ajoute du poids en partie haute. Ou comme lorsqu’en ayant prévu de retailler la caisse du primaire à 21 cm de haut on se retrouve à 19 cm… Ben oui, c’est encore plus bas, mais cela retire du poids en partie basse…

 

 

Cette caisse est légèrement raccourcie en partie basse et découpée en forme d’arc de cercle pour ne pas entraver le basculement du télescope.
Les tourillons sont désormais démontables et accrochés sur la caisse par 2 vis manœuvrables à la main. Ils ont été découpés pour permettre leur rangement dans la valise de transport de la cage secondaire tout en offrant une dimension suffisante pour assurer un basculement de 90° du télescope. En effet, nous ne négligeons pas de pointer au raz de l’horizon. Les voyages sahariens permettent de chatouiller les objets les plus australs qui nous soient permis de voir.

Le principe de fixation des tubes en partie basse est conservé et refait pour offrir les angles idoines à la structure triangulée. Rappelons que les tubes sont simplement emmanchés dans des trous lisses et qu’il n’y a aucun système de serrage. 8 blocs de bois sont soigneusement découpés, percés et collés/vissés en place à l’intérieur de la caisse.

 

 

Le barillet à 8 points flottants est intégralement conservé et réutilisé. Seules les cales supérieures du maintien latéral du miroir sont refaites en Téflon pour ne pas endommager la surface optique, comme cela c’est malheureusement produit lors de notre dernier voyage.

 

 

Enfin, le rocker et la base sont sérieusement percés pour un gain de poids significatif.

Le colisage

La valise en CTP de 5 mm a été retaillée aux nouvelles dimensions de la cage secondaire. Les 2 tourillons s’y rangent dans le fond à plat. Une colonne en carton renforce la solidité de la valise à l’écrasement. Son diamètre intérieur offre une boîte de protection au miroir secondaire. 3 fentes y sont découpées pour permettre le passage des branches de l’araignée.

Eléments

Dimensions

Poids

caisse du miroir primaire

52 x 52 x 28 cm

11,5 kg

boîte pour miroir secondaire et tourillons

55 x 55 x 22 cm

9,2 kg

miroir primaire

45 x 45 x 6 cm

11,5 kg

Etui 8 tubes aluminium

140 x 8 cm

2,7 kg

valise avec oculaires et chercheurs

 

7,6 kg

 

total :

47 kg

La première lumière sur la route de la soie

Le premier montage dans le jardin : ça le fait ! On est surtout impressionné par la réduction de hauteur des éléments et par le volume de bois découpé. Ce test permet de vérifier si l’équilibre est bon. Avec tous les accessoires, cela semble bien fonctionner. Mais comme les bras de levier ont été changés, comme les tourillons sont moins rigides, les frottements semblent différents. Il faudra voir ce que cela donne sur le ciel.

La première lumière a eu lieu à Sache (77°22'E 38°27'N) dans le désert du Taklamakan en Chine.

Evolution 2015 pour préparer la Namibie

Les restrictions sur les bagages se compliquent de plus en plus, nous avons eu des problèmes avec les tubes du T400 lors de notre dernier périple à Ténérife ; à l’embarquement l’hôtesse a jugé que les tubes ne pouvaient plus être associés à un bagage, nous exposant ainsi une éventuelle perte des tubes dans leur housse. Nous avons donc choisi de couper les tubes afin de les passer dans un bagage soute.
Nous avons choisi d’usiner 16 chapes en aluminium, 8 chapes mâles dans lesquelles sont collées des vis qui dépassent de 1cm et 8 femelles équipées de filets rapportés en acier (un taraudage dans l’aluminium n’est pas durable).

Les chapes en cours d'usinage.
Les tubes demontés dans leurs sacs de transport.

Les frottements ont également été revus. Initialement, le contact entre les haches et le rocker était fait par une bande lisse formica sur téflon, ce n’était pas très efficace, le télescope souffrait de collage sur ses patins en altitude. Le formica lisse a été remplacé par des bandes d’ébonystar texturées (http://www.gerdneumann.net).
Le collage de ces bandes est un peu délicat car il faut bien les plaquer sur une forme convexe. il est effectué sur les 2 tourillons ensemble à l’époxy en utilisant une sangle à cliquet.

De la même manière, les mouvements de rotation ont été modifiés car jugés trop virils. La plaque en plastique texturée, très usée par le sable et la poussière, a été remplacée par un anneau coupé dans une vieille plaque de formica recupérée sur le fond d’un buffet datant de la 4e République.

Zoom sur la couronne de vieux formica dont la texture est plus fine que l'ébonystar
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