Le Time lapse
Encore un anglicisme, la mauvaise traduction «intervalle de temps » ne nous permet pas vraiment de définir cette technique, qu’est ce qui se cache derrière ce néologisme ?
A l’origine le time lapse est un effet cinématographique qui consiste à diffuser les images d’une action dans un temps plus court que celle de l’action initiale. On le trouve souvent dans les films pour nous montrer en quelques secondes le déroule–
ment d’une journée. Cette technique est particulièrement bien adaptée à l’astronomie pour filmer la rotation de notre planète en grand champ pour mettre en valeur le premier plan comme le ciel. Elle a pour avantages d’être simple, ludique et nécessite très peu de matériels. Nous avons besoin d’un APN avec un objectif grand angle et une grosse carte de stockage, d’un intervallomètre et d’un trépied photo. La prise de vue d’un time lapse est très similaire à celle d’un circumpolaire, seul les temps de pose, les intervalles puis les traitements vont changer. Par contre pour le time lapse nous cherchons des étoiles ponctuelles, même si nous ne cherchons pas la même qualité que pour une photo. Un calcul d’échantillonnage rapide nous permet de faire une approximation du temps de pose maximum pour un objet situé sur l’équateur céleste. Quand le time lapse sera monté, on réduira la résolution des images, on sera donc un peu plus tolérant sur la forme des étoiles. Le tableau suivant présente les valeurs valables pour un Reflex 40D (aps-c).
On note que le temps de pose est relativement court. Par conséquent, on préférera utiliser des optiques très ouvertes, associées à une sensibilité assez élevée (supérieur à 800 ISO) pour capter un maximum
de lumière.
Un time lapse, une fois monté va durer plus d’une dizaine de seconde, or à raison de 20 images par seconde, on obtient facilement plusieurs centaines de clichés. Par conséquent l’enregistrement des images en raw n’est pas envisageable car à 15Mo/images on obtiendrait plus de 3Go pour 10 secondes de film final, c’est beaucoup trop on ne passera pas le nuit !
Après la théorie passons aux travaux pratiques…
Durant notre périple chilien, j’avais prévu de faire un time lapse de la voie lactée avec un premier plan sympa.
Comme je ne connaissais pas les différents paramètres de prise de vue, le week-end du mont Beuvray fut un bon galop d’essais pour tester tout ça. La constellation du Lion sur l’équateur céleste au zenith était toute désignée pour tester mes calculs de temps de pose. J’ai effectué un paramétrage me permettant par la suite de moduler les intervalles et
le nombre d’images par seconde.
Lors de la compilation des photos en film, on cherche à avoir une bonne fluidité dans les transitions, sans saccade visible, or ces saccades peuvent apparaître au travers des paramètres suivants :
– le nombre d’images par secondes est trop faible.
– l’intervalle entre deux prises de vue est trop important.
Le time lapse se réduit donc à trouver un compromis entre l’intervalle entre les poses et le nombre d’images par seconde, lorsque l’on est satisfait du premier cliché.
En conclusion, on peut retenir que pour la focale de 30mm l’intervalle de 20 secondes et une cadence minimale de 15 images /sec sont les plus adaptés, par extrapolation on peut estimer un temps de pose de 40 à 45sec de pose pour une focale de 10mm avec les mêmes intervalles.
Constellation du Lion, 40D objectif 30mm F/1,4, 10sec à 1600 iso. Les répétitions sont finies, vive la mise en pratique au Chili….
On ne le répétera jamais assez mais quand c’est bon, c’est bon et donc il faut y aller !
Mais bercé par la réputation astronomique du pays, je l’ai joué petit braquet lors de la première et seule nuit exceptionnelle du séjour, la nuit de la Silla, au pied de l’observatoire de Las Campanas. Pour moi c’était la découverte du ciel du sud, il était donc difficile de ne pas se consacrer à l’observation visuelle de ces grosses taches floues de la carène et de la tarentule. Au diable la photo, on verra ça en détail après. Je ne fis qu’une série à l’arrache, snif …quel con !!
J’ai dû attendre San Pedro pour faire la seconde tentative malgré la présence
déjà bien marquée de la lune en fin de séjour. Les autres sites d’observation étant particulièrement encaissés ou étriqués, la visibilité sur la voie lactée ou le premier plan étaient peu propices à un time lapse.
Le long de la route des Salars de l’Atacama, nous sommes assez loin des conditions idylliques de la Silla mais déjà atypiques avec les lueurs des mines de sel à l’horizon, cela fera amplement l’affaire pour imprimer le parcours de notre galaxie sur la pellicule.
J’ai choisi un champ où l’on distingue parfaitement le sac à charbon, le grand nuage de Magellan, la carène…il manque malheureusement le bulbe galactique, qui apparaissait en bordure de champ quand on a été surpris par une patrouille de police l’arme au point ; ils sont plus impressionnants que Navarro !
Voici le résultat en 3 images statiques. Et oui on ne fait pas encore de journaux télévisés au club !
De retour à la maison, il faut passer toutes ces images à la moulinette, rien de plus fa–
cile avec virtualdub (c’est un freeware !)
ça se fait presque tout seul. Le tutorial video se trouve à cette adresse :
http://www.vimeo.com/2644888
Cette technique est vraiment sympathique pour relater l’ambiance de nos aventures nocturnes, cependant on constate vite que le premier plan est aussi important que le défilé de la voûte céleste. Sur les time lapse du Chili cela manque réellement de profondeur, dommage.